Bataille rangée autour des crèches de Noël

Publié le 9 Décembre 2014

Bataille rangée autour des crèches de Noël

 À droite comme à gauche, des voix se sont élevées les 6 et 7 décembre pour appeler à l’apaisement après de nouveaux recours contre des installations de crèches de Noël.

 

Depuis le début du mois de décembre, les « affaires » de crèches enflamment le débat. En Vendée, le président UMP du conseil général, Bruno Retailleau, a annoncé qu’il introduirait des recours contre le jugement du tribunal administratif de Nantes qui lui enjoint de démonter la crèche de la Nativité installée comme chaque année dans le hall de l’hôtel du département.

À Béziers (Hérault), Robert Ménard, soutenu par le Front national, n’a pas l’intention de démonter la crèche de sa mairie, malgré l’avis des services de l’État qui l’ont appelé à respecter les « dispositions constitutionnelles et législatives garantissant le principe de laïcité ».

La Libre Pensée a déjà prévenu qu’elle saisirait la juridiction administrative, de même que, selon Le JDD, une avocate mandatée par des particuliers et des associations. Même situation à Melun (Seine-et-Marne), où la crèche qui trône dans la mairie fait également l’objet d’un recours…

 

DÉBAT AUTOUR DE LA LAÏCITÉ

Le débat oppose les tenants du respect de l’impératif de neutralité de l’État à ceux qui, selon les cas, défendent soit les racines chrétiennes de la France, soit une approche moins crispée de la laïcité prenant en compte la dimension culturelle de certaines pratiques religieuses. Les 6-7 décembre, des partisans de cette dernière approche venant de la droite, mais aussi de la gauche, ont donné de la voix. Après Nadine Morano (UMP) pour qui « la laïcité ne doit pas tuer notre culture, nos racines et nos traditions » ou Marine Le Pen (FN) affirmant que « les Français ne comprennent absolument pas cette exigence d’une laïcité stupide, fermée », Julien Dray (PS) a plaidé pour « une certaine tolérance » face à des crèches qui font « partie du décorum ». Et dans Le Parisien, Malek Boutih, député socialiste de l’Essonne, a appelé à la décrispation : « Quand j’étais enfant, il y avait des crèches (…) un peu partout. C’était une fête, pas une agression contre la religion de mes parents ni du prosélytisme catholique. Détendons-nous un peu ! »

 

UN TERRAIN VIERGE ET PARTICULIÈREMENT SENSIBLE

Vendredi 5 décembre, l’Observatoire de la laïcité a en partie apporté de l’eau à leur moulin. Rappelant que la loi de 1905 interdit « d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux (…) en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions », son rapporteur général précise : « Si la crèche examinée est considérée comme un ”emblème religieux” et est installée dans un local de l’administration, alors cela contrevient à la loi de 1905. Mais il appartient au juge d’examiner chaque situation, au cas par cas, car des traditions locales culturelles (santons en Provence par exemple) peuvent être des arguments invoqués devant les juges. » Aucun litige semblable n’ayant encore été tranché, les juges devront donc avancer en terrain vierge et particulièrement sensible.

 

En attendant, l’Église de France se veut, elle aussi, apaisante. « L’Église catholique respecte la neutralité de l’État », a indiqué le porte-parole des évêques de France, Mgr Bernard Podvin. « Mais il faut être aveugle pour ne pas discerner que la crèche touche la population d’un point de vue affectif bien plus large que sa signification religieuse. »

Marianne Gomez

 

http://www.la-croix.com/Actualite/France/Bataille-rangee-autour-des-creches-de-Noel-2014-12-07-1276054

Rédigé par Marianne Gomez

Publié dans #Actualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :